… Et surtout comment j’ai survécu à mon premier bivouac au Lac des Cerces…Je ne vais pas te donner les conseils pour partir en bivouac. Je ne vais pas énumérer le matériel indispensable pour une randonnée au Lac des Cerces près de Valloire dans les Alpes en toute sécurité (quoi que). Ceci n’est pas non plus un kit de survie en haute montagne, ne sois pas déçu.
Je ne suis ni aguerrie, ni expérimentée. L’idée est de te proposer mon ressenti sur cette aventure, le bivouac tel que je l’ai toujours rêvé. Poser sa tente une nuit au milieu de nulle part et profiter…
Le bivouac c’est économique mais surtout c’est un super moyen de se reconnecter avec la nature sous sa forme la plus pure. Avec un peu d’équipement, on peut vivre une expérience unique. Pour autant, je comprends rapidement qu’une randonnée en montagne ne s’improvise pas.
Notre rendez-vous est pris à l’automne du côté de Valloire dans le département de la Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Nous sommes décidées à faire la randonnée des 3 lacs dominés par le Massif des Cerces.
Le lac des Cerces en automne, la bonne idée
Je connais la montagne en hiver, les joies des pentes enneigées, la luge, le sous-pull qui gratte et les plantés de bâtons. L’été, j’ai le souvenir d’avoir cramé en attendant le passage du tour de France. Tout blanc, tout noir, je ne pensais pas qu’il y avait un entre-deux. Personne ne vous dira, je vais randonner en Savoie en octobre. Même les stations de ski endormies prennent des airs de villages fantômes. Bientôt sur les starting-blocks, les saisonniers semblent attendre les premiers flocons.
Mais alors que se passe-t-il entre ces deux saisons ? Eh bien, il se passe tout. En automne, les couleurs chaudes viennent habiller les monts. Cette douce saison colore comme aucune autre les forêts et les cimes déjà enneigées.
Les arbres revêtent leur éclatante couleur passant progressivement du vert au jaune d’or puis au rouge carmin flamboyant. C’est cette magie de l’automne que nous venons chercher, voir la nature se muer et délaisser peu à peu sa parure estivale.
Randonnée le lac des Cerces
Pendant quelques kilomètres, nous suivons une piste militaire qui nous emmène dans les hauteurs jusqu’aux Mottets. Au loin, un doux clapotis vient nous chatouiller l’oreille, c’est le petit ruisseau de la Jargette, que nous longerons jusqu’au Lac des Cerces.
Tous les deux mètres, nous prenons des photos en rafales. Les couleurs automnales sont tellement lumineuses que nous sommes tentées d’y glisser ce décor entier dans notre boitier. Le ciel bas et lourd s’accompagne d’une brume qui vient caresser les cimes enneigées. On retrouve une atmosphère particulière loin de tous les standards que j’avais imaginés.
Rapidement, nous avons le sentiment d’être seules au monde, et minuscules face à ce paysage qui se transforme au fur et à mesure que nous grimpons. Je découvre une palette de couleurs qui m’était jusqu’alors inconnue. Les herbes sèches cèdent bientôt la place à une roche au reflet vert émeraude.
A plusieurs reprises, Clara vérifie les données GPX, le sentier est plutôt bien balisé mais nous avons du mal à visualiser notre temps de parcours.
Notre ascension continue en direction du Lac des Cerces. Sans cesse, nous portons notre regard à 360 degrés pour ne rien manquer du panorama. Devant nous, les Aiguilles d’Arves nous ouvrent les bras viennent dominer toute la Maurienne.
Nous longeons les rives du Lac des Cerces, le vent glacial ne nous épargne pas et nous comprenons rapidement que ce n’est pas ici que nous installerons notre bivouac. C’est un peu plus loin et un peu plus haut aussi que nous les apercevons. Deux bouquetins occupés à brouter les alpages. Il n’y a rien de plus magique que d’avoir la chance d’observer un animal dans son milieu naturel. Le nez en l’air, nous restons un long moment à observer cette espèce protégée.
3h30 de marche à rythme tranquille mais tout de même, les jambes commencent à devenir lourdes. La journée commence à décliner, il est temps de trouver un coin sympa pour s’installer !
Faire du bivouac au lac des Cerces, trouver le spot idéal
Avant que le jour décline, il y a une urgence, celle de trouver le spot idéal pour poser la tente voire même vivre un bivouac de rêve en montagne. Il y a bien sûr plusieurs critères : un terrain plat (pour éviter de rouler dans son sac de couchage en pleine nuit), sec et à l’abri du vent, avec un point d’eau à proximité. Ajoutés à cela un cadre de rêve et c’est le combo gagnant pour le bivouac de rêve (ou de luxe) !
C’est au Lac du Grand Ban que nous avons trouvé notre bivouac de rêve. La vue dominante nous laisse contemplateur avec un élan de liberté unique.
Crédits photos Clara Ferrand
A ce bivouac de rêve s’ajoutent de petits (et grands) bonheurs comme les chamallows trempés dans la fondue au chocolat. Le vent avait beau souffler, notre engouement et l’envie de chocolat étaient bien plus forts. Quand je vous disais qu’avec le bivouac, on revoyait ses fondamentaux !
Règle n°1 : Les chamallow c’est la vie. Et si en plus, ils sont enrobés de chocolat fondu à 2400 mètres d’altitude alors on se rapproche un peu plus du paradis.
En bivouac, tu peux manger des repas lyophilisés ultra légers mais aussi ultra dégueu ou bien te faire (vraiment) plaisir et cuisiner des pâtes au pesto. Jamais les pâtes au pesto ne m’ont paru aussi divines. Le repas c’est sans doute l’un des meilleurs moments de cette fin de journée. Ça nous réchauffe, ça nous réconforte et on reprend des forces pour le lendemain.
En octobre, tu vis au rythme du soleil, CQFD. A 17h30, ton bivouac est installé. A 18h30, tu manges. A 21 heures, tu dors. Enfin tu tentes de dormir car le vent et la pluie fouettent la toile de tente. Tu pries mentalement pour rester au sec et que tu ne sois pas obligée de courir comme une damnée après ton campement de fortune. La toile de la tente est-elle retendue ? Rien n’est moins sûr…
Passé ce cap, j’apprécie d’être au chaud dans mon duvet grand froid et prends plaisir à écouter se déchainer les éléments. La nuit est peu reposante, mon sommeil est léger mais peu importe. Être ici me fait oublier tout le reste.
Au petit matin, nous savons que les températures de la nuit ont frôlé les 0 degré. Le vent redouble, ça pique, je ne sens plus mes doigts. Nous comprenons que nous devons nous mettre rapidement en mouvement pour éviter de geler sur place. Un thé et une banane plus tard, on replie le camp. Nos gestes sont précis, rapides, efficaces.
Règle n°2 : en bivouac, les sardines c’est encore plus la vie (enfin ça peut surtout te sauver ton camp). Clara je t’en fait la promesse.
Randonnée du Lac des Cerces, la descente
Notre descente du Lac des Cerces, nous ne l’envisagions pas si vertigineuse. Le vent et ses rafales saccadés rendent périlleux notre retour. Je regarde Clara s’éloigner dans un décor incroyable. Qui pourrait croire que nous sommes en France ? C’est un autre monde que nous foulons, lunaire quasiment volcanique par endroit.
Au loin, nous assistons à une image surréaliste. Près du refuge des Rochilles, des soldats de l’armée de terre s’affairent. Au milieu de nulle part tel un no man’s land, une poignée d’hommes s’aguerrissent du milieu montagnard à en voir les ballets incessants de chars d’assaut. Nos regards respectifs en disent long : qui de ces hommes ou de nous est le plus surpris?
Le sentier semble osciller et les herbes hautes ondulent par vagues. Nous avons comme l’impression de traverser les steppes mongoles. Avec mon sac sur le dos, je me sens presque vaciller, ça tangue et je sens tous mes membres entrer en résistance.
Dans mes rêves, j’aurai aimé dévaler la montagne, prendre mes jambes à mon cou sorte de remake de La petite maison dans la prairie. En vrai, les épaules tirent. Dans la caillasse, j’ai du mal à verrouiller mes chevilles et les mains bien agrippées aux bâtons de marche (merci Mam’) pour tenir la distance.
Le dernier kilomètre de la randonnée du lac des cerces
Nous croisons deux randonneurs curieux de connaitre les chemins parcourus. Deux nanas qui redescendent de bon matin en mode sherpa, c’est certain ça éveille la curiosité !
Le dernier kilomètre, nous accélérons le pas. La pluie s’est invitée à la fête et pas vraiment le courage de sortir la housse de pluie. Une seule idée en tête : tracer la route !
Force est de constater que nous ne passons pas encore entre les gouttes, mais nous arrivons à notre point d’arriver quasiment sec. Alors pour fêter notre bivouac, on improvise un apéro minute et Clara sort son plus bel Opinel. Plus vite que notre ombre, on décapsule notre précieux breuvage, on boulote la Tome des Bauges et quelques rondelles de saucissons sec des montagnes.
Lac des Cerces, La randonnée des 3 lacs
Point de départ : sur le parking de Plan Lachat. Peut être rapidement saturé en haute saison.
Durée Approximative : 3h 16min
Distance :13 km
Dénivelé : 670 m
Altitude max : 2574 m
Altitude min : 1980 m
Au final
La randonné du Lac des Cerces est une petite merveille accessible au plus grand nombre. Faire du bivouac c’est évidemment être au plus proche de la nature, des éléments. Je me suis sentie parfois minuscule et pourtant plus vivante que jamais. J’espère vous avoir donner l’envie de vous lancer et pourquoi pas faire le Tour des Cerces sur un bivouac en 3 jours !
Au-delà de la photographie et de la randonnée, je découvre une aventure humaine. C’est aussi ça que je suis venue chercher.
Le bivouac c’est aussi vivre à un autre rythme. Ralentir et prendre le temps d’observer ce qui nous entoure détaché de l’agitation permanente et de toute pollution. L’évidence est que le bivouac offre un environnement à contre-courant du quotidien.
Avec délice, je reviens aux fondamentaux, à ce qui me fait sens avec une seule idée en tête : recommencer (Clara on remet ça quand ?).
Et toi, qu’est-ce que tu attends ?
20 Commentaires
C’est vraiment un très beau récit et les photos sont magnifiques. Alors qu’avant je détestais l’automne, c’est maintenant une de mes saisons favorites. Je trouve que la nature est beaucoup plus belle à cette époque de l’année 🙂
Merci Emma. Comme toi, j’aime beaucoup l’automne, les couleurs chatoyantes avec sa lumière douce et éclatante à la fois, comment résister?
Les photos sont absolument magnifiques ! ça donne vraiment envie de tenter l’expérience. Le truc c’est qu’il faut avoir du matériel quand même ! En tout cas merci pour ce récit « apaisant » !
Merci beaucoup, c’est toujours agréable de susciter l’envie! C’est vrai qu’il faut un peu d’équipements pour pouvoir se lancer au départ…mais je te promets que le retour sur investissement est décuplé! Je te souhaite des escapades par milliers…. A très vite 😉
Les photos sont magnifiques 😀 j’ai eu ma première expérience bivouac de 10jours cet été dans les dolomites, c’était juste incroyable. C’est extremenment ressourcant surtout le matin quand tu te lève face à un paysage de fou. Merci pour ce partage 🙂
Merci Florence, oh la la mais j’aimerai beaucoup que tu me racontes ton expérience!
si un jour ma hanche me le permet, j’espère pouvoir faire des randonnées à nouveau. Je te laisse le bivouac je ne suis pas campement du tout.
Mais tes photos donnent envie de liberté et de partir rapidement.
Bonjour Yasmine, Je te souhaite de pouvoir rechausser bientôt tes chaussures de randonnées… On prend vite goût aux escapades en toute liberté! 😉
Prends bien soin de toi 🙂
Quelle bouffée d’air frais ce périple ! Je sais pourquoi l’automne est ma saison favorite, je suis totalement sous le charme des couleurs et les photos sont merveilleuses ! Bien qu’avec les parcs nationaux, j’ai connu les nuits sans douche, dans le froid etc, je n’ai jamais fait de bivouac, et j’avoue que tu sais donner envie. Ça ressemble à un sentiment fou de liberté, et c’est franchement wahou, merci pour ce si beau partage. Un moyen fantastique de se reconnecter avec soi-même et de revenir à l’essentiel.
Merci Valentine, tu es adorable! Le bivouac est une expérience incroyable et si en plus il est combiné à une super rando alors c’est le graal! Je crois que les parcs nationaux sont spécialement taillés pour l’aventure mais attention on est pas à l’abri d’une rencontre… 😉
A très vite!
Wow! Les photos sont magnifiques! Il faut être drôlement en forme pour ce type de voyage!
C’est vrai que le bivouac peut paraitre une aventure en soi. En revanche, la randonnée est accessible a tous notamment aux familles 😉
Comme c’est beau ! L’été prochain il faut qu’on se fasse plus d’escapades dans les montagnes françaises, c’est tellement canon de bivouaquer au milieu de ces paysages grandioses !
Ambiance canon pour un bivouac de rêve au milieu des Alpes, on adore! Une déconnexion totale (et oui pour de vrai) ça permet de se revoir ses fondamentaux et de se retrouver seule avec soi-même…une expérience comme celle ci ça devrait être obligatoire!
Merci, Sibylle, pour ce partage, trouvé en cherchant des informations sur Cerces. Les photos au service de la Nature, le partage écrit entre humour et poésie.
C’est vrai que le souvenir se partage entre mes péripéties pour rejoindre Chambéry et la rando bivouac de 2 jours. 2 aventures en 1, que demander de plus? 😉
Très jolies photos, merci.
Merci Michel, c’est vrai que cette rando bivouac était absolument incroyable!
Bonjour,
Je travaille pour le magazine OutdoorGo! et dans le prochain numéro nous souhaitons publier un article sur le lac des Cerces. Votre retour d’expérience et vos images m’intéressent. Pouvons-nous échanger rapidement ?
Hello Thomas,
On s’appelle si tu veux ! 😉